Décharges sauvages (1)

Yatta !

En ce jour pluvieux, l’Aujarguette a sorti ses bottes et son parapluie pour faire le tour des décharges sauvages, et autres crasses, faites à notre environnement proche. Hé les jeunes, partez pas, cet article est pour vous aussi.

Parce que bon, c’est bien beau de se plaindre des citadins, de la racaille et tout le reste, mais une bonne partie du désordre qu’on voit par ici, c’est le nôtre ! C’est bien sympa de râler sur des situations tout à fait ponctuelles, faudrait d’abord balayer devant sa porte. C’est gentil de se construire des routes, des centres commerciaux, des villas proprettes, des villes modernes et tout le bazar mais si c’est pour finir avec autant de dépotoirs qu’un bidon-ville, sinon plus, ça fait un peu empereur qui a la merde au cul le jour de son couronnement.

D’accord, il y a bien eu quelques voitures brûlées, notamment une à la source, ce qui a bien frappé les esprits, mais ça commence à être de l’histoire ancienne. Proportionnellement à tout ce qu’on trouve disséminé, c’est bien visible, mais ça ne représente rien. À avoir une décharge en pleine garrigue, même si l’emplacement de l’actuelle est mieux que la précédente, autant faire l’effort de tout concentrer là. À l’heure actuelle, les détritus sont saupoudrés sur toute la campagne.

Alors, que voit-on fleurir au printemps dans notre nature ?

 

Décharges :

Tout d’abord il y a les décharges sauvages. En ce moment, on en voit une belle près du réservoir (43.794133, 4.126014). Les gendarmes sont passés voir s’il ne s’agissait pas de véhicules qui auraient pu être utilisés pour commettre un délit. Mais ni eux, ni celles ou ceux qui les ont alertés, n’ont jugés bon de contacter les services qui auraient pu nettoyer le coin. Dans tous les cas, la décharge attend toujours.

Dépotoir Aujargues

La voiture, c’est la liberté… de polluer ! (y’a une moto aussi). Je ramassais du thym parfois ici…
(photo CC-BY-NC-ND l’Aujarguette)

Avant ça se faisait au petit carrefour des chemins, à la sortie d’Aujargues vers Souvignargues (43.798133, 4.123784). Enfin, ça se fait toujours un peu, mais disons qu’on a gagné une décharge de plus ! Quelle victoire !

 

Détritus disséminés : bouteilles, canettes, papiers, sacs, chaussures…

Le bois à la sortie du lotissement d’Aujargues a morflé aussi depuis deux ans (43.793484, 4.123039). Bien qu’il y ait quelques papiers de friandises, les gamins qui y jouent et y ont fait une cabane ne sont pas vraiment en cause. On trouve des chaussures, du verre, un emballage de porte de cuisine de chez Brico -Dépôt, des emballages pastiques divers et toutes sortes de déchets… Il y a aussi deux dépotoirs organiques, ce qui n’est pas grave d’un point de vue écolo, mais participe à la décharge ambiante.

Une campagne digne et propre

C’est pas la meilleure photo que j’aurai pu faire mais vous voyez l’idée. On trouve aussi des restes de chaise, de sable, de ciment…
(photo CC-BY-NC-ND l’Aujarguette)

Le réservoir, tout comme la source, est apprécié de tous. Ce sont des lieux de pique-nique et le réservoir offre un point de vue unique. On y trouve pourtant des grilles de barbecue, des bouteilles, des emballages plastiques, des emballages McDo. On trouve aussi des seringues (sans aiguille). Enfin, plus grave, des bidons d’huile de moteur, preuve qu’on vidange là. (Pour la source, pas la peine de chercher les détritus tout de suite, j’ai fait un peu de ménage).

Dans les parcs nationaux, surtout en Pyrénées, existe une règle simple très bien respectée par tous, des touristes aux montagnards, en passant par les randonneurs : « Emportez-les ! ». C’est simplissime. Si vous êtes capables de porter à manger et à boire : vous êtes capable de remporter les déchets et les contenants. C’est d’autant plus facile qu’ils sont vides ! Pourquoi vous ne faites pas ça sur le réservoir ? À la source ? Et partout ailleurs ?

C'était bien le pique-nique ?

C’était bien la soirée ? Le verre ça passe mais l’aluminium c’est toxique en plus d’être moche.
(photo CC-BY-NC-ND l’Aujarguette)

On profitait tous et toutes de ce point de vue discrètement. C’est de moins en moins discret. Je ne sais pas où ça va nous mener mais ce sera toujours mieux si chacun fait un effort.

 

Bords de route :

C’est un grand classique, donc je ne m’étends pas. Ça ne s’est pas arrangé avec la route de Nîmes. Au niveau du pont de l’Intermarché et du cours d’eau c’est à vomir. Ne jetez pas par les fenêtre de voiture, ça ne disparait pas pour autant.

 

Remblais et autres décharges de chantiers (publics ou privés) :

C’est parfois utile et pratique d’avoir des gravats pour combler un nid-de-poule ou pour conforter un mur qui menace d’être crevé par la prochaine pluie. De là à en mettre n’importe-où… Le lit de la corbière est chargé à fond de gravats. Juste en amont d’une ZNIEFF (43.787793, 4.117221).

De petits rejets peuvent être trouvés, ici et là, comme au milieu du chemin des oliviers (43.789296, 4.129436). Une petite montée discrète depuis la route, c’est bien pratique pour vider sa remorque.

Mais la pièce maîtresse, et j’espère légale, reste la route de remblais, dans la pinède près du château, entre Aujargues et Junas (43.783095, 4.124350). Avec des gestionnaire de la nature de ce gabarit, on n’a pas besoin d’ennemis. Ça doit aller de pair avec les petites décharges dans les champs en contrebas de la falaise.

 

En solde :

Encore propre mais pour combien de temps :

– La zone du mas blanc et de la corbière qui va avec ainsi que les chênaies au dessus. Mais il faut le dire vite.

– La zone qui va d’Aujargues à Pondres en passant par l’élevage des faisans. Pourtant il y a tout le trafic vers Souvignargues, l’ancien stade qui sert aux loisirs motorisés. Les bois sont loin d’être sales comme dans les abords proches du village. Tant mieux. À surveiller. À protéger.

– La garrigue profonde entre Aujargues, Congénies et Calvisson (jusqu’à la manade, le Puech long et Chantal Haute). Il faut fermer les yeux sur quelques papiers de bonbons, les traces de vététistes (panneaux et films de sécurité), le plastique utilisé par les agriculteurs, les cartouches de chasseurs… Mais comparativement au nombre de personnes qui empruntent ces chemins et ces bois, la propreté est relativement présente.

 

L’anecdote pour conclure :

Quand ils ont trouvé le buste de César dans le Rhône, il y a quelques années, j’ai visité l’exposition à au musée de l’Arles antique. Une des surprises était un morceau du lit du Rhône placé en mur vertical. Comme un grand mur d’escalade composé de couches sédimentées d’amphores. Parce que les romains jetaient beaucoup. Directement dans le Rhône. Les amphores de vin et d’huile qui arrivaient de l’empire, finissaient dans le fleuve une fois vidées.

Ce n’est pas une immense surprise. On sait que les archéologues ont souvent plus de détritus que d’artisanat, à se mettre sous la dent, sur les sites archéologiques. On sait que les grecs et les romains ont déforesté la méditerranée pour construire leur marine, autant que pour les pâturages et l’agriculture. Les vikings ont fait pareils avec l’Islande et l’Écosse. On connait le déclin maya, le syndrome de l’île de pâques. Mais on est en 2014, avec de l’information à qui mieux mieux. On pourrait peut-être arrêter avec ce vieux réflexe de jeter en se disant que la nature va absorber. Deux mille ans après on retrouve tout pour les romains, imaginez avec notre inox, notre alu et nos plastiques… La nature n’absorbe pas n’importe quoi n’importe comment. Et quand il y a des détritus dans la campagne, nous le subissions tous, tout de suite, pas dans 2000 ans.

 

Je veux dire à tout le monde que c’est possible. Les abords du Gardon ou de la Méditerranée, par endroits, ont considérablement changé au cours de ces 20 dernières années. Pas toujours en bien, pas partout, mais quelques coins ont vu un recul spectaculaire des déchets. Je me souviens d’automnes au Gardon ou la plage n’était qu’un lit de canettes et où ça a quasiment disparu depuis. Faisons un effort ici aussi.

 

Alors comme dans n’importe quel parc naturel :

 

L’Aj

Publié dans 2014, Analyse, Critique, Environnement Tagués avec : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,